Dès les premiers froids, votre enfant a le nez qui coule, et le rhume se transforme en otite. Faut-il lui donner des antibiotiques, que faire en cas de récidive ? Le point avec le Dr Noël Gaudefroy, ORL.
Hiver après hiver, votre enfant enchaîne les otites et, à chaque fois c'est reparti pour dix jours de sirop antibiotique. Vous avez pu constater combien ce traitement était efficace - fièvre et douleurs disparaissent rapidement -, mais vous vous inquiétez devant les quantités ingurgitées. Il est vrai que de plus en plus de germes deviennent résistants aux traitements, et qu'il ne faut plus soigner systématiquement les angines, encore moins les rhino-pharyngites, à grand renfort d'antibiotiques.
Virale ou bactérienne?
En ce qui concerne les otites moyennes aiguës, la situation est plus complexe. Contrairement à ce qui se fait pour les angines, il n'existe pas de test pour différencier une otite bactérienne - qui nécessite obligatoirement des antibiotiques - d'une otite virale. Il arrive qu'à la vue du tympan rosacé et devant une fièvre plus ou moins importante, le médecin puisse établir un diagnostic précis. Mais, dans la plupart des cas il préférera ne pas prendre de risque et prescrira des antibios. Une otite mal soignée peut en effet devenir séromuqueuse : du liquide épais s'accumule dans l'oreille moyenne, provoquant une baisse de l'audition. C'est la complication la plus fréquente, très loin devant le risque de voir une otite dégénérer en méningite ou en paralysie faciale.
Si ce traitement est particulièrement valable chez les tout-petits en raison de l'immaturité de leur système immunitaire, ce n'est pas le cas chez les plus âgés. Aussi, si votre enfant a plus de 2 ans, et ne souffre que d'une douleur et d'une fièvre modérées, ne vous étonnez pas que le médecin attende vingt quatre à quarante-huit heures avant de lui prescrire un traitement antibiotique.
Pas d'atmosphère enfumée
Il préférera, dans un premier temps, lui donner des antalgiques et des anti-inflammatoires qui vont le soulager, tout en surveillant de près l'évolution de la maladie.
Quand votre enfant aura 6-8 ans, il fera beaucoup moins de rhumes et quasiment plus d'otites, car son organisme aura acquis suffisamment de défenses immunitaires. En attendant, pour éviter qu'il ne multiplie les épisodes infectieux, ne fumez pas en sa présence et aérez bien sa chambre. Dès que son nez commence à couler, pensez à le faire boire abondamment, et nettoyez son nez avec des pulvérisations de sérum physiologique ou d'eau de mer. Inutile toutefois de faire des pulvérisations quotidiennes s'il n'a pas de rhume: vous fragiliseriez sa muqueuse nasale, qui serait alors plus sensible aux infections.
S'il en a plus de six par an
Au-delà de six otites par an, on parle d'otites à répétition et un bilan complet s'impose. Le médecin va s'assurer que l'enfant ne souffre pas d'une allergie ou d'un reflux gastro-œsophagien. S'il a moins de 2 ans, il pourra vous proposer de lui faire le vaccin Prévenar, qui protège des infections à pneumocoques, responsables d'un grand nombre d'otites mais aussi de méningites. La pose de yo-yos -qui vont drainer les sécrétions à l'origine des infections - ou l'ablation de végétations hypertrophiées, donnent également de bons résultats.
Source : TOP SANTE par AURÉLIA MILAN
